La mode durable : qu’est-ce que c’est ?

Le Inondation Pants et la Sparks Jacket sont confectionnés dans du lin ancien.

Mode durable : définition

Cela peut paraître évident, mais il est intéressant de se pencher sur la définition d’une « mode durable » :

  • Durable (définition du Larousse) : 1. De nature à durer longtemps, qui présente une certaine stabilité, une certaine résistance. 2. Qui prend en compte l’avenir de la planète.

Une mode durable, serait donc une mode qui dure dans le temps, tant par son style que par sa robustesse, et qui prendrait en compte l’avenir de la planète.

À titre de comparaison, voici une autre définition, opposée :

  • Jetable (définition du Larousse) : Se dit d’un objet utilitaire, conçu pour une ou quelques utilisations et que l’on jette après usage.

La « mode jetable« , c’est une garde-robe qui est faite pour être peu portée et beaucoup renouvelée. C’est le principe de la fast-fashion, un concept qui est l’allié de la société de consommation. C’est une mode qui est faite pour être rapidement périmée, afin que le client achète toujours de nouveaux vêtements.

Mode durable VS Mode jetable

Encore une fois, c’est évident, mais on voit bien que la « mode durable » et la « mode jetable » sont deux concepts totalement opposés. Nous aimerions bien que le premier renverse pour toujours le second, mais ne nous leurrons pas, ce n’est pas demain la veille.

Cependant, en attendant ce jour béni, on peut déjà réfléchir à sa propre façon de se vêtir, histoire de faire avancer le schmilblick (à ce sujet, voir mon autre article sur le vêtement écoresponsable, et sur l’intention que l’on met dans ses achats et / ou ses créations).

Mais qu’est-ce qui fait qu’on s’habille « durable » ?

Une question de style ?

Ce n’est plus un secret, une des caractéristiques de la mode jetable, c’est sa propension à copier les modèles de vêtements en vogue, puis à les déverser en millions d’exemplaires sur la planète. Quelques semaines, voire quelques jours plus tard, ces modèles sont dépassés et mis au rebus (ou au fond du placard). Ironie du sort, si l’on attend patiemment une vingtaine d’année, ils entrent dans la catégorie du vintage, et on peut les ressortir du placard en étant de nouveau totalement – et même plus – à la mode.

Mais alors, quel est le style « intemporel » ? Cela existe-t-il vraiment ? Et puis, une mode qui ne change pas, ne serait-ce pas ennuyeux ?

La mode « durable » a souvent comme image celle d’une mode fade, sans couleurs, aux coupes tristes. Heureusement cela a beaucoup changé ces dernières années, et il est possible de trouver des vêtements durables de toutes formes et de toutes couleurs. Nombreux·ses sont les créateur·ice·s talentueux qui travaillent avec cette intention de changement vers le respect de l’écologie.

La question n’est pas, je pense, de s’habiller d’un t-shirt et d’un jean responsables, et ce jusqu’à la fin de sa vie. Bien sûr, c’est tout à fait possible, mais si comme moi vous aimez la variété, l’originalité, la couleur, cela peut vite devenir lassant. La clef selon moi, et c’est vrai qu’elle est complexe, c’est de trouver son style, sa manière de voir la mode. Que représente le vêtement pour vous ? Un moyen de se protéger des intempéries et des écarts de chaleur. Un moyen de montrer sa personnalité. Un moyen de se fondre dans la masse. Un moyen d’être en accord avec le monde et l’univers… Tous sont valides. L’important je crois, c’est de savoir ce que l’on souhaite vraiment lorsqu’on acquiert un vêtement.

La Pampa Dress, coupée dans un couvre-lit ancien.

Une question de matière ?

Un autre paramètre qui entre en ligne de compte lorsqu’on parle de mode durable, c’est la qualité du tissu : synthétique ou naturel. Il existe une multitude de fibres différentes dans les deux catégories, et même les fibres naturelles sont parfois polluantes lorsqu’elles demandent des traitements chimiques compliqués (on parle de fibres artificielles : la viscose, par exemple).

La majorité de la fast fashion est fabriquée à partir de fibres synthétiques : c’est tout simplement moins cher. Parfois, on ajoute aussi des fibres synthétiques à des fibres naturelles pour augmenter leur résistance (comme dans les chaussettes, par exemple). Pourtant, de nombreux vêtements produits à la chaîne ne sont pas si solides que ça, au contraire… Un vêtement en matière synthétique ne garantit pas un vêtement solide.

Comme tout le monde, je porte du synthétique. C’est même certainement ce que j’ai le plus porté dans ma vie. Mais de plus en plus, quand arrive le moment de renouveler un élément de ma garde-robe, je me penche vers des tissus naturels. Ils sont plus doux sur ma peau, absorbent beaucoup moins les odeurs de transpiration, et tout simplement je les ressens plus « vivants ». Et ils ne sont pas forcément moins solides ! Les draps de lit anciens par exemple, que j’adore utiliser, on une qualité inégalable de confection.

Enfin, j’adore les irrégularités que l’on trouve parfois dans le tissage des tissus naturels… Ce côté brut, sauvage, qui nous rappelle d’où l’on vient.

Pour confectionner le Black Moon Kimono, qui est en satin et velours de coton anciens, j’avais à l’époque acheté une doublure en polyester OEKO-TEX (un label garantissant une absence ou une présence très faible de produits toxiques pour la santé). Un choix de tissu synthétique que je regrette aujourd’hui, mais qui faisait sens pour ma bourse à l’époque, une doublure de soie étant dix fois plus chère. Si c’était à refaire, je n’hésiterais plus sur la soie !

Le paradoxe de la durabilité

Un drôle paradoxe se dessine entre la mode durable et la mode jetable :

La « mode jetable », celle qui ne dure pas, ni dans le style ni dans le fil, est celle qui pollue le plus longtemps – parfois infiniment (voir par exemple les PFAS, appelés « produits chimiques éternels »). Son impact est, lui, malheureusement très durable.

La « mode durable », celle qui est plus solide, plus naturelle, plus intemporelle, serait aussi celle qui est au maximum… décomposable. Jetez une chemise 100% lin dans votre composteur, et cela mettra le temps, mais elle se décomposera sans polluer (excepté pour les colorants s’il y en a).

Comment expliquer ce paradoxe ? Par une autre question : a-t-on vraiment besoin de matières qui mettent des milliers d’années à se décomposer ? Cela ne représente pas le temps de notre vie, ni même le temps de notre civilisation. Une matière naturelle vous durera bien assez longtemps.

La Rune Blouse est entièrement confectionnée en drap ancien, et brodée à la main de fil DMC ancien, le tout en coton.

Démarche durable

Si j’ai une grande préférence pour les fibres naturelles, j’ai aussi une prédilection pour les tissus anciens ; or dans ces derniers se trouve une quantité non négligeable de beaux tissus synthétiques. Si je choisis de plus en plus de matières naturelles, je crois aussi qu’il serait dommage de ne pas se servir des tissus que nous on légués nos grands-parents. Ils sont souvent d’une qualité incontestable qu’il est parfois difficile de retrouver aujourd’hui, en particulier parmi les tissus synthétiques.

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